Le lavoir du Charbonneau

Le lavoir du Charbonneau

Lieu de dur labeur, le lavoir était aussi un espace de liberté et d’émancipation pour les femmes, à une époque où leur place était, avant tout, à la maison.

Culture et Loisirs

Publié le vendredi 23 juin 2023

Le ruisseau du Charbonneau, long de 28 km, sillonne Carquefou en prenant sa source au lieu-dit la Vincendière (ruisseau de l’Étang Hervé). Il est alimenté par les ruisseaux de Vivère (qui part de l’étang situé derrière le château de Maubreuil) et du Housseau (connu aussi sous le nom de ruisseau de l’Étang Blanc). Il finit par se jeter dans l’Erdre, après avoir traversé le marais de l’Étang Hervé.

 

En sortant du bourg par la route de Sucé, après les vieux murs du presbytère longés par le chemin du Paradis, il y avait des prés dominant les marais tourbeux du ruisseau. Un pont en pierre y fut construit en 1840 et un chemin de terre descendait vers le lavoir communal bâti en 1905 sur la rive du ruisseau. Le lavoir comportait 12 tables d’ardoise : 8 du côté du bourg et 4 sur la partie campagne.

 

Les lavoirs avaient une importante fonction sociale car c’était l’un des rares lieux où les ménagères et les laveuses, qui brossaient le linge pour quelques pièces, pouvaient se réunir et échanger librement.
Effectuer à plusieurs ce travail difficile le rendait plus supportable, les femmes pouvant discuter entre elles, plaisanter, chanter, cancaner… C’est aussi là que s’affichaient au grand jour les inégalités, les rivalités, les tensions et les conflits… d’où l’expression « laver son linge sale en famille ».
La situation sociale de chacun y apparaissait également, non seulement par la qualité et l’état du linge, mais aussi par le fait que seuls les notables n’allaient pas au lavoir, puisqu’ils employaient des domestiques ou des lavandières professionnelles.

 

Les femmes battaient, frottaient, rinçaient et essoraient le linge autour des bassins du lavoir. L’eau souillée par le savonnage des lessives était canalisée, évitant ainsi de polluer le ruisseau servant d’abreuvoir pour les troupeaux de bovins et pour les chevaux des fermes du bas bourg. Puis des bannes d’osier contenant les draps mouillés étaient posées sur les brouettes, poussées malgré le dos douloureux et les pieds trempés dans les sabots de bois, pour remonter vers le haut du bourg, tout le long du champ de foire (dont la côte était rude).

 

En 1917, les soldats du régiment d’Infanterie du camp Desgrées du Lou, en cantonnement à « La Vigne du Moulin », venaient laver leur linge sur une passerelle construite pour leur usage, de l’autre côté du ruisseau, sans importuner les lavandières.

 

Très endommagé par des bombardements en 1944, le lavoir fut abattu en 1970 sur décision du Conseil Municipal.

 

 

Merci à l’association « Le Temps qui Passe »

pour sa contribution à l’écriture de cet article.

 

 

 

 

Partager cette page sur :